Copie d'une article du figaro^^
Un historien de la science a recensé les expériences les plus étranges de l’histoire. Florilège.
Il y a un mois, le jury des IgNobel, prix décerné aux projets scientifiques farfelus, récompensait des études sur «les effets secondaires de l’ingestion de sabre » ou « le décalage horaire chez le hamster». Des sujets étonnants, mais rien en comparaison des expériences que l’historien de la science Alex Boese a rassemblé dans son livre «Des éléphants sous acide», qui sort ce mois-ci dans les librairies anglo-saxonnes. 300 pages durant, l’auteur détaille des expériences qui vont du comique à l’effrayant.
Cette expérience menée en 1962 aux Etats-Unis donne son titre à l’ouvrage. Des chercheurs injectent 297 milligrammes de LSD (3.000 fois la dose «classique» pour un humain) à un pachyderme nommé Tusko pour provoquer chez lui le «musth», état d’excitation proche du rut. Las, après quelques furieux barrissements, l’animal tombe raide mort. S’ensuit une controverse sur les causes de cette mort tragique : le LSD lui-même, la dose administrée, ou même les médicaments donnés pour tenter de ranimer Tusko. Un chercheur a par la suite donné la même dose par voie orale. Les animaux semblent avoir vu quelques éléphants roses et ont émis des bruits étranges, mais sont redevenu normaux après quelques heures.
D’autres animaux ont été les sujets d’expériences aussi étranges. En 1963, un chercheur américain a implanté une puce dans le cerveau d’un taureau de corrida, pour le stopper net en pleine charge avec une télécommande. Une autre équipe a travaillé sur la sexualité des dindes. Ils ont débité morceau par morceau une femelle, jaugeant l’intérêt du mâle situé en face au cours de la procédure. Et celui-ci n’est pas des plus regardants. Le dragueur invétéré tente encore de faire la cour à la tête d’une femelle plantée au bout d’une pique…
Autre grand classique de la science : le mécano organique. Le Russe Vladimir Demikhov s’était ainsi fait une spécialité de créer… des chiens à deux têtes, assemblant vingt «modèles» en quinze ans. D’autres s’évertuaient à maintenir en vie des têtes de chiens sans corps. Un soviétique a cherché pendant des années à créer un hybride singe-humain, tentant des inséminations artificielles sur des guenons, ou passant des appels à volontaires pour porter l’enfant d’un orang-outan. Un Américain a riposté en greffant la tête d’un singe sur le corps d’un autre primate. L’animal a survécu un peu plus d’un jour.
Cette célèbre expérience des années 60 est certainement la plus effrayante des annales. Des cobayes, croyant avoir affaire à une étude sur l’importance de la punition dans l’apprentissage, ont devant eux un volontaire (en fait un acteur) assis sur une chaise électrique. Les cobayes doivent administrer des décharges de plus en plus fortes à mesure que l’acteur accumule les mauvaises réponses. Quand ce dernier commence à crier, ils hésitent. Mais Stanley Milgram, le directeur du programme leur assure calmement qu’il faut «suivre le protocole» pour le bien de l’expérience. Et ils le font ! 70% d’entre eux poussent même consciemment le voltage jusqu’à des doses mortelles malgré les cris d’agonies de l’acteur. Ce qui fera dire à Milgram qu’au cas où les USA souhaiteraient installer des camps de concentration, il n’y aurait pas de pénurie de kapos…. Ce test morbide a été reconstitué dans «I comme Icare» avec Yves Montand.
Plus tard, une équipe a voulu vérifier ce résultat en procédant à la même expérience, mais cette fois sur un chien, tout sauf volontaire. 20 étudiants sur 26 ont poussé le voltage au maximum. Un test précurseur en la matière a été mené en 1924 pour étudier les expressions faciales du dégoût. Odeur d’ammoniaque, images pornographiques, immersion des mains dans un bocal plein de grenouille et même… décapitation d’un rat. Les traits du visage des cobayes n’ont rien donné, mais là encore, deux-tiers d’entre eux ont accepté de trancher la tête des animaux. Dans le même ordre d’idée, l’expérience de la fausse prison de Stanford a montré comment transformer des jeunes hommes bien sous tout rapport en matons sadiques et en prisonnier ultra-violents en quelques jours.