Pour ce premier essai, je vais tenter, avec un maximum d'objectivité, de rendre hommage au morceau de musique m'ayant le plus marqué dans ma jeune vie. Mon but n'est pas de le décortiquer sur un plan technique pour une raison fort simple; je ne connais pas grand chose à la musique et me considère comme un auditeur lambda.
A travers ce message, je souhaite principalement montrer mon interprétation du morceau dans son ensemble afin de vous faire comprendre pourquoi cette piste de 29 minutes m'apparaît fantastique. Composé par YOSHIKI le leader, batteur et pianiste du groupe X JAPAN, Art of Life est sorti en 1993. Travaillé pendant plusieurs années, nous pouvons trouver une première version (qui semblerait être baptisée 'End of the World') dans le mystérieux disque "Rose & Blood", disque qui rassemble de vieux travaux du groupe mais dont l'origine est assez floue...
Contrairement à sa version finale, il n'y avait alors ni guitare, ni voix, ni orchestre mais seulement les claviers et la batterie.
Art of Life fut en effet enregistrée avec un orchestre, le London Philharmonic Orchestra. Il s'agit du morceau le plus long du groupe et, probablement, l'un des plus longs dans l'histoire du rock. Même si, en 1989, dans leur album "Blue Blood" (album de la consécration de X), nous pouvons considérer le magnifique "Rose of Pain" comme le prédécesseur à Art of Life, le morceau reste bien moins long et n'en a, ni la même envergure, ni la même exposition; le mini-album Art of Life ne contenant que le morceau éponyme.
Quel est le genre du morceau ?X JAPAN faisant du Heavy Metal à cette époque, il est aisé de retrouver cet aspect dans Art of Life avec une batterie puissante et des guitares déchainées. Mais pour illustrer les émotions que veut faire passer l'artiste, on trouve aussi des aspects très mélancolique et parfois très sombre.
Même si le morceau débute avec beaucoup de tranquilité, ressemblant alors à une ballade plus classique, il va changer d'ambiance plusieurs fois, de manière presque cyclique; nous pourrions même considérer l'œuvre comme étant découpée en actes telle une pièce de théâtre.
Le but ?Même sans bien connaître la musique, il suffit lire le titre, les paroles et l'opposition qui y est faites pour comprendre qu'on nous présente ici un voyage dans notre propre existence, celle de l'Homme (nommé ici la "Rose") et dans la recherche de notre "Art de la vie".
Pour comprendre le pourquoi de cette recherche de la part de son auteur, il faut savoir que YOSHIKI a eu un gros traumatisme dans sa vie puisqu'il a perdu son père alors qu'il était très jeune. Entre ce qui est dit et ce qui est, il reste difficile de savoir ce qui est vrai ou faux chez une personnalité aussi célèbre mais il apparaît évident que c'est le genre d'évènement qui ne peut que vous marquer et modifier votre perception de la vie lorsque vous êtes un enfant. Il apparaît alors probable qu'il ait grandi en développant un côté très sensible, cela expliquant bien l'aspect Néo Romantic qu'arborait le groupe dans les années '90 ainsi que certaines "niaiseries" musicale (Forever Love...).
Pour revenir à Art of Life, YOSHIKI mise sur l'émotion du titre plus que sur la technique qui m'apparaît, du reste, très travaillée. Le schéma musical est tel qu'il nous emmène dans une véritable palette d'émotions via des changements de rythmes, des changements dans l'orchestration. Parfois complètement détruit, on se plaît à retrouver de l'espoir quand tout retombe, comme si nous portions un fardeau énorme sur les épaules et qu'après nous en avoir un peu délesté, celui-ci nous retombait brutalement dessus pour nous écraser au sol.
Même si le chant est en anglais, la musique suffit à ressentir des émotions. Les paroles sont travaillée et des phrases marqueront forcément qui les écoutera:
"Je construit un mur dans mon cœur, je ne veux pas laisser mes émotions en sortir.
Regarder le monde m'effraie, je ne veux pas me voir perdu dans tes yeux"
ou encore
"Si tout n'est qu'un rêve, alors réveillez-moi
Si tout n'est que réalité, alors tuez-moi"
Mais là où le morceau prend, à mon sens, son intérêt majeur c'est lorsque tout est mis de côté pour laisser place à une partie importante, le piano.
"Piano, piano"A priori, ce passage tranchant radicalement le morceau en deux pourrait rebuter; il ressemble à de l'improvisation alors que tout ce qui l'entour est extrêmement précis et c'est là son génie. Simpliste, certains pourraient n'y entendre que du bruit lorsqu'il devient presque folie pure pour revenir vers quelques choses de plus calme, laissant l'impression que la tempête est passé pour frapper encore plus fort dans la destruction.
Il est clair que sa position dans le morceau, en plein milieu, n'est pas un hasard. Il apparaît aisément qu'il s'agit là du pillier de l'œuvre, si bien qu'on pourrait presque en retirer le reste; l'essence se trouve dans le piano, l'essence se trouve dans l'absence totale de traduction vocale.
Cette partie n'est pas facilement accessible et probablement pas à la première écoute par un amateur car on peut trouver que c'est artificiellement étiré avec assez répétitif. L'aspect "non-technique" peut rendre le tout dérangeant à l'oreille; mais c'est bien là sa force.
Ce sentiment désagréable est exactement le but recherché par le piano; si le morceau était fait pour n'être qu'agréable, il aurait clairement raté ce qui m'apparaît comme son objectif; nous faire ressentir diverses émotions que l'on ressent ou que l'on peut ressentir au travers de sa vie.
Ce passage d'environ septs minutes commence avec douceur en se répétant encore et encore dans une douce mélodie jusqu'à ce qu'une fois que vous l'aurez en tête, vous allez percevoir quelques "fausses notes". Même si cela peut alors apparaître comme des erreurs, surtout sur scène, celles-ci seront alors de plus en plus fréquentes si bien qu'il semblera alors improbable que ce ne soit pas volontaire. Vous comprendrez aussi qu'il ne s'agit pas d'un solo de piano mais d'une partie constituée de deux piano car malgré les fausses notes qui se font entendre, la mélodie initiée est toujours présente en fond.
Lorsqu'une véritable "déconstruction" survient (si bien que le piano mélodieux en devient lointain, inaudible), cela peut autant ressembler à une cacophonie qu'à un plongeon dans l'enfer de notre être, dans notre folie.
En allant un peu plus loin, il n'est pas improbable d'imaginer que le piano jouant la mélodie, qui n'est pas toujours 'belle', représente la vie dans son "côté espoir", celui que nous gardons toujours au fond de nous et le piano fou comme la force brute de nos sentiments face à la dureté de la vie elle-même.
Se releverAlors que le combat intérieur fait rage, illustré par les deux pianos, la mélodie revient avec douceur pour laisser de nouveau place à l'orchestre, comme si la tempête était passé et que la réponse sur la vie était trouvé. Lorsque les guitares et la batterie sont de retour pour jouer de la même manière qu'avant ce déchirement, nous ne savons pas quelle réponse YOSHIKI souhaite nous donner.
Mais lorsque les paroles surviennent, elle semble être positive:
"Je brise le mur dans mon cœur, voulant laisser mes émotions s'en échapper. Personne ne peut m'arrêter, je cours vers la liberté".
Arrivé à la vingt-septième minutes, le tempo change radicalement, illuminant le morceau de manière presque majestueuse avec un retour du piano. Ce piano, cette fois, il est seul et on le sent puissant, apportant aux autres instruments une touche de grandeur.
Dans son dernier acte, au bout d'un chant glorieux, tous les instruments se taisent pour faire ressortir le mot le plus important du morceau, "Life" (Vie) qui résonne avec magnificence jusqu'à la dernière seconde.
Art of Life n'est pas facilement abordable principalement à cause de sa partie au piano qui peut déranger et apparaître désagréable à l'oreille. Malgré cela, si l'on ne se réferre pas uniquement à la première écoute, ni à une écoute oisive, le morceau apparaît comme une oeuvre profonde et mature qui peut amener l'auditeur de remettre en question ses propres doutes, continuer à chercher avec espoir des réponses dans sa vie pour, en définitive, se relever et faire de son fardeau, une force.