Clisson (44). Le festival de metal Hellfest poursuivi par les Associations Familiales Catholiques
Nouvel épisode de la "guerre" qui oppose le Hellfest, festival metal qui se déroulera du 18 au 20 juin à Clisson (44) et ses détracteurs.
La Confédération Nationale des Associations Familiales Catholiques (CNAFC) a décidé d’assigner le festival au tribunal de Nantes afin d’obtenir "le titre des chansons qui seront interprétées par les groupes invités". Contactée aujourd'hui, la CNAFC n’a pas souhaité s’exprimer nous renvoyant vers son site.
Mitterrand en défenseur
On s’en souvient, lors des régionales, le Hellfest avait été accusé de "satanisme" ou de "véhiculer la mort". Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand avait rappelé qu’il fallait raison garder lors d’une séance à l’assemblée nationale après l’intervention du député Patrick Roy volant au secours du festival.
Jeudi, c’est devant le tribunal de Nantes, que les organisateurs du Hellfest sont assignés.
Pas une rave-party
Une chasse aux sorcières que les organisateurs balaient d’un revers de la main. "On est organisateur de spectacles, cette polémique ne nous regarde pas", explique Olivier Garnier, attaché de presse du festival. "Je n’écoute pas de rap, je ne demande pas à ce qu’on interdise le rap", poursuit-il.
"Ce n’est pas une rave-party, ce n’est pas un apéro Facebook, nous avons des autorisations. Le festival n’est pas subventionné. C’est installé, ça fonctionne. Il emploie dix personnes à l’année, fait vivre une région, il y a 600 personnes qui bossent". Et Olivier Garnier de rappeler que "l’histoire du rock est fait de ces gens là, des moralistes".
Les PMRC dans les années 1980
Jérôme Albérola, auteur d’une anthologie du Hard Rock, rappelle que "dans les années 1980, les Parents Music Resource Center (PMRC, groupe de pression américain dénonçant l’évocation du sexe, de la violence ou le satanisme) ont assigné à comparaître des groupes comme Slayer".
Selon notre confrère, ces associations voient dans le festival breton "un prétexte pour se faire connaître". "Elles apparaissent aujourd’hui en France, c’est une manière de montrer qu’elles sont vigilentes". Alors que pour lui "le metal est aujourd’hui moins subversif qu’il ne l’a été". Il a surtout "le droit d’exister".
Reste que le procès d’intention qui est fait au festival manque de sérieux. "A ce tarif-là, ça tourne au ridicule. On pourrait interdire le Marquis de Sade, les mangas, Buffy contre les Vampires". Quant à Olivier Garnier, il invite la CNAFC à "attaquer AC/DC qui le 18 juin sera au stade de France devant 80.000 personnes."
[Le Télégramme]